Autopsie de l’opération de désinformation russe


L’opération de désinformation russe « Doppelgänger », dont l’existence avait été révélée à la fin du mois de décembre mais qui se poursuit encore aujourd’hui et qui a été dénoncée par le gouvernement français mercredi 13 juin, s’appuie sur une série « d’éléments de langage » récurrents. Afflux de réfugiés, crise économique dans plusieurs pays européens, mais aussi faux documents pour dénoncer la « sauvagerie » des Ukrainiens, tous les contenus ont pour objectif, à peine masqué, de servir le « narratif » du Kremlin et d’affaiblir le soutien à l’Ukraine.

Dépeindre l’Ukraine comme un pays barbare, corrompu et extrémiste

L’Ukraine et son président, Volodymyr Zelensky, sont, sans surprise, les cibles de l’écrasante majorité des contenus diffusés par l’opération « Doppelgänger ». Qu’il s’agisse d’attaquer l’économie du pays, la personnalité du chef d’Etat, la corruption présumée de ses élites ou les « exactions » des militaires ukrainiens, tous les articles placent le pays au cœur de leur discours.

Exemple de publicité de « Doppelgänger » dénonçant la supposée « sauvagerie » des Ukrainiens.

Un des angles déployés est de dénoncer les victimes civiles de l’armée ukrainienne. Une publicité diffusée en France affirme ainsi faussement que « les troupes ukrainiennes ont tué plus de 13 000 civils depuis 2014 ». Le texte, affublé d’un photomontage de Zelensky derrière des barreaux, est accompagné de « témoignages » d’habitants du Donbass. Un autre site, TrueMaps, notamment popularisé par l’influenceuse allemande prorusse Alina Lipp, a été promu par « Doppelgänger ». Il présente une carte du monde interactive réalisée avec soin, prétendant montrer le nombre d’enfants morts ou blessés dans le Donbass en raison des livraisons d’armes occidentales. Un troisième site mis en avant par cette campagne, TribunalUkraine, énumère, dans plusieurs langues, ce qui est présenté comme une longue liste de crimes de guerre de l’armée ukrainienne.

Une autre série de publicités s’est quant à elle appuyée sur la relation très tendue entre les autorités ukrainiennes et l’église orthodoxe dans le pays, soupçonnée par Kiev d’être un centre d’influence russe. « Quelle sauvagerie ! Nous voulons accepter dans l’UE des gens qui brûlent des églises et tuent des prêtres ? », énonce une fausse page du réseau « Doppelgänger » renvoyant vers un article qu’il n’a pas été possible de retrouver. A l’époque où étaient diffusés ces contenus, une vidéo montrant une église orthodoxe en flammes était devenue virale : elle présentait, à tort, l’événement comme un incendie volontaire déclenché par des Ukrainiens alors que la vidéo avait en réalité été prise en Russie… en 2013.

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Catégorie article Politique

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